Voici donc un petit compte-rendu de cette conférence
Conférence sur les premiers résultats de la mission Curiosity dont le rover s’est posé sur Mars en début de semaine.
La conférence était animée par Gilles Dawidowicz avec plusieurs intervenants.
On revoir d’abord le film d’animation de l’atterrissage de Curiosity
Olivier de Goursac : Explication très détaillée des premières photos de Curiosity et de son arrivée dans le Cratère Gale.
Sur cette première véritable photo où l'on voir le dessus de Curiosity et une partie du paysage, il nous a montré tout ce qui pouvait être appris (j'ai ajouté les flèches de couleurs afin que l'on puisse mieux visualiser
).
Flèches noires : Au-dessus de Curiosity, on peut voir que la surface du sol a été touchée par les rétro-fusées de la Skycrane
Flèches bleues : Curiosity est plein de petits ''marqueurs'' qui permettront de faciliter les observations, les photos, et les échelles de grandeurs.
Flèches rouges : C'est les caches des optiques qui sont tombés.
Flèches jaunes : Ce sont de petits gravillons, ou petites pierres, qui ont été déposés lors de l'atterrissage par le nuage généré par les rétro-fusées. Sans aucune incidence sur Curiosity.
Contact téléphonique avec Richard Heidmann, depuis le JPL, qui nous explique et raconte ce qu’il a vécu et ressenti lors de cet atterrissage de Curiosity.
Il nous a expliqué aussi le fonctionnement des équipes sur place au JPL :
3 salles :
- Salle Obscure où se trouvent de multiples écrans de télévision
- Salle Evènements Critiques d’où était géré le phase d’atterrissage EDL
- Salle Contrôle au Sol qui reprend la main dès l’atterrissage de Curiosity
C’est environ 200 à 300 personnes qui se trouvaient là.
Richard Heidmann nous a aussi parlé de l’activité de ce jour, qui était ‘’relativement calme’’ car nous sommes dans la phase de ‘’Reload’’ des logiciels de Curiosity.
Ce qui l’a surtout frappée, c’est la jeunesse des équipes au sol.
Fin du contact téléphonique
Olivier de Goursac nous parle de la situation de Curiosity avec une photo du Mont Sharp. Curiosity se trouve à 5 km de profondeur, ou le Mont Sharp a son sommet 5 kilomètres plus haut.
2ème panorama : Les premières photos sont des images préprogrammées, en mode automatique. Le Mont Sharp est ‘’coupé’’ car Curiosity ne s’est pas posé exactement au lieu prévu, ce qui a entrainé un petit décalage dans les prises de vues préprogrammées.
Explication de la photo où l’on pense que les réservoirs auraient explosé au sol, avec beaucoup de débris.
Explication de la photo ‘’mystère’’ où l’on apprend que Curiosity a photographier le Skycrane se crashant à la surface. C’est le nuage de poussières que l’on peut voir. Une photo incroyable où la coïncidence est reine.
Explication des caméras :
MastCam, qui fait des photos couleurs, avec un jeu de filtres.
MAHLI
MARDI : La caméra de descente qui a photographié ‘’l’atterrissage’’.
La photo ci-dessous est historique car elle a montré en direct (avec les 15-20 minutes décalage Terre-Mars) la vue du premier vaisseau spatial allant vers une autre planète. Les images du LEM d'Apollo 11 ont été vues après le retour sur Terre de l'équipage lorsque l'on a récupéré les films. Ici, c'est du direct...
Jean-Pierre Martin vient ensuite nous parler des autres instruments :
ChemCam avec le laser. Outre de pouvoir analyser les roches par vaporisation, le ChemCam permet aussi de gagner énormément de temps avec une stratégie de visée de roches jusqu’à 9 mètres, permettant de déterminer à près de 98%, si la roche vaut le déplacement plus près de Curiosity ou non.
SAM : Sample Analyst at Mars
Recherche de composés carbonés, de chimie organique, pour savoir s’il y a eu de la vie un jour sur Mars.
Le RAD : Radiation Assessment Detection
Détecteur de tous types de particules touchant le sol martien
DAN : appareil russe qui permet de repérer des masses d’eau jusqu’à 1 mètre de profondeur par la détection de neutrons par la recherche de composants hydratés (hydrogène).
Première partie se terminant avec une session de Questions / Réponses avec le public.
Question d’un ‘’supporter’’ du programme martien du candidat à la présidentielle Jacques Cheminade au sujet du nucléaire à bord de Curiosity.
Réponse : Plutonium radioactif qui est surtout là pour réchauffer Curiosity et son informatique par dissipation de chaleur. Contrairement à l’uranium, ce système ne sera actif qu’une vingtaine d’années et non polluant.
Question : Finalité de cette mission ? A quoi cela sert de rechercher des traces de vie passée ?
Réponse : Permet de savoir ce qui a contribué à l’apparition de la vie. Est-ce uniquement sur Terre ? La vie est-elle apparue sur Mars ? Donc, la vie peut elle exister ailleurs ?
Juste avant la pause, Jean-Pierre Lebreton, le ‘’papa’’ de Huygens (qui s’est posé sur Titan en 2005) vient nous parler de son émotion, lui qui a posé Huygens. Il a revécu cette même émotion et adresse toutes ses félicitations aux équipes de MSL et Curiosity.
Petite pause d’une quinzaine de minutes avant la seconde partie.
La seconde partie débute par une liaison téléphonique avec Jean-Luc Lacour, physicien du CEA qui se trouve au centre de contrôle du JPL.
Il nous parle de l’activité actuelle, qui est une phase de tests de tous les appareils.
Il s’occupe de la ChemCam.
Le travail des équipes est assez complexe, car les personnes vivent à l’heure martienne (Journée plus longue), mais qui doivent aussi être en ‘’raccord’’ avec les sondes qui orbitent autour de Mars afin de transmettre les informations en relais.
Pour la ChemCam, l’équipe se compose d’une vingtaine de personnes en roulement.
J.L Lacour attend avec impatience les premiers tirs lasers qui devraient avoir lieu d’ici une semaine ou deux.
Fin de la communication
Olivier de Goursac nous parle du budget de la misssion : 2,5 milliards de dollars.
Il explique que le spatial, et particulièrement les missions martiennes, n’ont pas un coût aussi élévé que l’on pourrait le croire, surtout les politiques. Une mission martienne moyenne coûte environ 1,5 milliards de dollars (Curiosity étant le nec le plus ultra). Et qu’en France, en une année, les françaises et les français dépensent autant en achat de … lingerie.
Il nous explique aussi comment s’est opéré le choix du Cratère Gale.
Le journaliste Philippe Hénarejos vient nous parler des précédentes missions réussies qui se sont posées sur Mars.
Conversation téléphonique avec Francis Rocard, responsable de l’exploration interplanétaire au CNES, qui rentre juste du JPL.
Il nous parle de son émotion sur place. Il est très fier, et ce succès est absolument fabuleux. C’est un sans fautes. Curiosity s’est posé avec une petite marge d’erreur : 500 mètres au nord et 2 km à l’ouest.
Il attend avec impatience la partie la plus intéressante de la mission, pour lui, à savoir l’étude des couches d’argiles, qui devraient avoir lieu fin décembre.
L’atterrissage était une nécessité absolue pour la NASA, dans un contexte pas franchement bon, que ce soit en France ou aux USA, concernant l’exploration interplanétaire.
Il n’y aura pas de coopération entre la France et les USA pour Exomars.
Pour le CNES, le prochain rendez-vous le plus important est la mission Juice vers Jupiter de l’Agence Spatiale Européenne. Cette mission est sur les rails. Elle devrait décoller en 2022 avec une arrivée pour 2030 et une fin de mission pour 2033.
Les appels d’offres sont en cours. C’est une mission sur 20 ans.
Il y a aussi la mission Insight avec un sismographe. La décision finale devrait être prise d’ici la fin du mois d’août. Mission commune NASA-CNES.
Francis Rocard rappelle que le ‘’but ultime’’ d’une future mission martienne devrait être le retour d’échantillons.
Fin de la liaison téléphonique.
Nouvelle série de Questions et Réponses avant la clôture de cette très dense mais passionnante conférence.
(Gilles Dawidowicz, Jean-Pierre Martin, Jean-Pierre Lebreton, Olivier de Goursac et Philippe Hénarejos)