Je mets ici mon compte-rendu de la conférence tenue par Patrick Baudry deux jours seulement après la désintégration de Columbia et la morts des 7 astronautes de STS-107 (compte-rendu pour le jounal départemental des Hauts-de-Seine).
Il parlera beaucoup des astronautes de Columbia et de leur sacrifice.
Nous connaissons tous les points de vue ''polémiques'' (aux yeux de certains) de Patrick Baudry, mais ce qui nous intéresse ici, c'est son sentiment face à la tragédie qui venait de se dérouler. J'ai donc laissé le compte-rendu de la conférence complète.
CONFERENCE DE PATRICK BAUDRY
Lundi 3 février 2003 à la Défense / Université Leonard de Vinci
Conférence organisée dans le cadre du Programme ‘’La Science se livre’’
2003 De la Planète au Cosmos
Thème : Le Rêve et l’Espace
Après un hommage aux astronautes disparus lors de la mission STS-107, l’astronaute Patrick Baudry (mission STS-51G) commence sa Conférence en disant que le Rêve est le moteur de toute action humaine.
Il regrette que l’Equipage de STS-107 ne soit pas mort pour une cause plus grande, plus ambitieuse et plus belle.
Il pose les questions suivantes :
- La Navette Spatiale est-elle le meilleur moyen pour aller dans l’Epace ?
- Le Programme Spatial américain actuel est-il justifié ?
- L’orbite Basse pour quoi faire puisque l’on a tout exploré et étudié ?
- L’ISS est-elle vraiment utile du point de vue scientifique et économique ?
Avec un budget de 100 000 000 000 $, on aurait pu et dû développer un programme spatial beaucoup plus ambitieux.
On aurait pu et dû depuis longtemps s’établir sur la Lune, puis développer un programme d’exploration de Mars.
Les astronautes sont des gens extraordinaires, conscients des risques encourus, les acceptant. Les astronautes doivent servir des intérêts pour aller plus loin. Il est dommage que le sacrifice de leur vie (STS-107) ne se soit pas fait pour un plus ambitieux objectif.
Il ne doit pas y avoir d’arrêt des vols habités mais il faut qu’ils soient effectués par d’autres véhicules que les navettes.
Il faut que ce soit un programme réellement ambitieux PORTEUR DE RÊVES
LE FILM DE LA MISSION STS-51GLes astronautes ne pense pas à la mort, au stress. Ils ont réglé ce problème de conscience avec eux-mêmes. Le plus important c’est la MISSION. Rien de doit les détourner de ce but. Ils sont totalement concentrés dessus.
Un astronaute termine le travail d’une équipe. Il n’est qu’un maillon, même si c’est le dernier.
Le concept même de la Navette est étrange. Il compare cela à un ‘’engin barbare’’ puisque le fait de s’asseoir sur une poudrière n’est, en soi, pas logique. De plus, il faut accepter le fait, que la navette, avec un haut degré de criticité, est un rapport de fiabilité de 1/3 alors qu’un avion de ligne ordinaire a lui un taux de fiabilité de 1/9.
Il insiste sur le fait que les astronautes connaissent le risque et l’assume pleinement.
Pour Patrick Baudry, le décollage représente le bonheur absolu, ‘’le pied intégral. Passer de 0 à 29 000km/h en 9 minutes de poussée, est le summum du bonheur qu’il a ressenti.
Il regrette que les administrations et les administratifs ne tiennent pas compte des désirs, des souhaits et des demandes des opérationnels (astronautes, techniciens, etc…) dans les décisions et la conceptions des programmes habités : exemple : après l’explosion de Challenger, il a été préconisé que le nombre maximum d’astronautes lors d’une mission serait de 5. Aujourd’hui, il est de 7, et a même été de 8.
L’Impesanteur est une sensation merveilleuse mais qui est très contraignante pour le travail en apesanteur. Tout doit être minuté, répété, à la seconde près. C’est pourquoi, ils s’entraînent autant.
Pour Patrick Baudry, le retour d’un vaisseau spatial sur Terre après une mission, est le plus beau moment d’une mission spatiale. C’est toujours magique. Des hommes qui reviennent de l’Espace.
A la fin de son film, il reprend en conclusion, les regrets de voir qu’entre 1985 (date de son vol) et aujourd’hui, il n’y a eût que peu de progrès en transport spatial, alors que 8 ans séparent le Premier vol dans l’Espace et Apollo 11, même si le contexte était différent.
Depuis presque 20 ans, il constate que les progrès scientifiques ont été quasi nuls, alors qu’au niveau humain, il était en très forte augmentation, avec l’apparition du tourisme spatial qu’il soutient de tout son cœur. Au tourisme spatial et aux entreprises privées l’orbite basse, et aux gouvernements la suite de la Conquête Spatiale.
La curiosité, l’audace et l’imagination permettront d’aller encore plus loin et plus vite. Les astronautes de STS-107 auraient dû vivre pour un programme plus ambitieux et d’un intérêt total pour l’humanité, c’est, hélas, à cela que peuvent servir les sacrifices, et qu’ils pourront être acceptés.La Station Spatiale Internationale (ISS), même si elle est politiquement correcte, elle est totalement scientifiquement incorrecte.
100 milliards de dollars engagés dans un programme qui a une utilité limité. Si les responsables gouvernementaux, ne veulent pas d’échecs, ne veulent pas aller de l’avant en mesurant les risques encourus, il faut changer les responsables, qui ne sont pas des opérationnels, le plus souvent.
Dans les années soixante, avec une technologie ‘’préhistorique’’, on a marché sur la Lune. Aujourd’hui, avec des technologies avancées, on est incapable de retourner sur la Lune.
Pour Patrick Baudry, l’ISS représente la station MIR mais en plus HighTech.
La seule station spatiale actuelle, qui est disponible de suite, qui est gratuite, qui ne nécessite pas d’entretien, qui est d’un intérêt scientifique considérable et indéniable, est la LUNE.
Celle-ci présente un vide absolu, aucune atmosphère et une gravité de 1/6, ce qui représente un gain d’énergie considérable, pour lancer des vaisseaux. 6 fois moins de puissance, de carburant, de moyens financiers que pour un départ de la Terre. De plus, on pourrait exploiter les ressources naturelles de la Lune, telles que l’Hélium 3.
La Lune : est-ce trop beau ? pour être vrai ? Elle est là, elle n’attend que nous. C’est une admirable Station Spatiale naturelle.
Un programme spatial doit répondre à un objectif futur, pour nos enfants, et non pour nous même. Il faut voir l’Avenir avec un grand A.
Mais le vrai challenge, le vrai programme spatial est celui de la Conquête de Mars, car il permettra de répondre à 3 questions fondamentales :
- Sommes-nous seuls dans l’Univers ?
- Sommes-nous la seule espèce de notre type ?
- Dieu existe-t-il ?
Les robots, quoique disent certains, ne répondront pas à ces questions. Seuls les hommes pourront répondre à ces questions.
Il faut une vision d’Avenir sur 20 à 25 ans.
La conférence se termine par une courte séance de questions diverses et de dédicaces.