26 novembre 1965, Hammaguir en Algérie : Une fusée Diamant A décolle et quelques minutes après met sur orbite le petit satellite A1 –
La France devient la troisième puissance spatiale ! Moins de 10 années après que l’humanité soit entrée dans l’âge spatial, la France surprenait tout le monde en devenant cette troisième puissance spatiale, après l’URSS et les Etats-Unis. Ce succès inattendu mis en joie les commentateurs et journalistes de l’époque, qui n’hésitèrent pas à rebaptiser le satellite du nom d’Astérix – un petit gaulois damnant le pion aux grandes puissances. Nom d’ailleurs qui lui est resté.
La France étonnait. Rien ne laissait pensait à un succès aussi rapide – partir de fusées-sondes à une satellisation dès le premier essai.
Je ne vais pas revenir sur la genèse et l’historique qui ont conduit à ce que la France devienne un puissance spatiale – je vous laisse lire et/ou relire les ouvrages des spécialistes, dont celui de l’ami Philippe Varnoteaux (L’aventure spatiale française – De 1945 à la naissance d’Ariane chez Editions Nouveau Monde et paru il y a quelques semaines).
En septembre 1959 est créée la SEREB (Société pour l’Etude et la Réalisation d’Engins Balistiques) suite à la décision du Général de Gaulle de l’indépendance de la France concernant les missiles balistiques et sa puissance nucléaire.
C’est en automne 1960 qu’apparait les véritables premières ébauches d’un lanceur capable de mettre sur orbite des satellites de 80 km à une altitude de 500 km. On va développer le Saphir, qui est un missile à deux étages, dont le premier étage, Emeraude, est à propulsion liquide. Il suffit d’ajouter un troisième étage pour la satellisation. Le deuxième étage sera le Topaze qui est à propulsion à poudre.
En décembre 1961, le gouvernement décide de la création du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) et du lancement de ce lanceur trois étage, qui est baptisé Diamant A.
A l’origine, c’était l’armée qui avait la priorité de ce lanceur Diamant pour lancer des capsules de série A (A comme Armées) et le CNES s’en servirait ensuite. Après des négociations, il a été décidé qu’il serait plus judicieux de lancer un satellite en orbite plutôt qu’une capsule. Mais comme le temps manquait pour un véritable satellite, on aménagea une capsule A avec une balise à ondes radioélectriques, un système de télémesure (pour avoir des informations sur le comportement du satellite en orbite), un système de mesure de température et un répondeur radar. Ce sera le A1.
Maintenant que le projet est lancé, il ne faudra que 4 ans à peine pour voir sa réussite.
Entre 1963 et 1965, plusieurs essais ont lieu avec les Emeraude et les Topaze. Le troisième étage développé sera aussi à poudre, ce sera le Rubis qui comporte un compartiment où se place le satellite.
Assemblé, Diamant A mesure presque 19 mètres et pèse 18 tonnes.
Le satellite A1 est fabriqué par Matra. Il mesure 54 cm de haut et un diamètre de 55 cm pour un poids de 40 kg.
Le lancement se fait depuis le champ de tir Brigitte à Hammaguir en Algérie. On remplit à H-6 heures les réservoirs avec du l’acide nitrique et de l’essence de térébenthine. Puis à 15h47 (heure de Paris), c’est le décollage – Diamant A s’envole.
A 43 kilomètres d’altitude environ, le premier étage se sépare après 1 min 35 s, et on le retrouvera à près de 350 km du pas de tir.
A 128 kilomètres d’altitude, le deuxième étage s’éteint. Nous sommes à + 2 min 04 s du décollage.
A + 2 min 32 s, la coiffe se sépare et à + 2 min 47, il y a retournement du lanceur pour la satellisation
A + 4 min 59 s, séparation du deuxième étage qui retombe en Mer Méditerranée.
Le troisième étage va s’allumer à + 7 min 20 s et va tourner sur son axe de roulis avant de s’éteindre 45 sec plus tard. La vitesse de satellisation (7 710 m/s) est atteinte à une altitude de 550 km. Puis à + 10 min 22 sec, le satellite A1 se sépare et se retrouve en orbite.
Même si la mise en orbite est réussie, le satellite reste muet, ses antennes ayant été abîmées lorsque la coiffe a été éjectée. Les réseaux de poursuite confirment la mise en orbite du satellite A1 qui se trouve dur une trajectoire de 1 768 km en apogée et 528 km en périgée, avec une orbite de 108 minutes.
Astérix se trouve toujours en orbite de nos jours.
La Poste française bien sûr, va célébrer cet évènement avec l’émission d’un triptyque composé de deux timbres et d’une vignette centrale – l’émission 1er Jour se fait le 30 novembre 1965. Les timbres sont créés et graveur par Claude Durrens.
Le triptyque sera émis également début 1966 dans les territoires d’outre-mer – dans différentes couleurs. Il sera également surchargé Francs CFA et Réunion.
Le Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget possède dans le Hall Espace un lanceur Diamant A ainsi qu’une réplique à l’échelle du satellite A1 Astérix.
La Cité de l’Espace à Toulouse possède également une réplique du satellite A1 Astérix – l’inauguration a eu lieu aujourd’hui, 26 novembre 2015, en présence de nombreuses personnalités.
Le 50ème anniversaire de cet évènement est commémoré de différentes façons dans bien des endroits. Le CNES, à son siège parisien, devait tenir une conférence spéciale avec des anciens du programme, mais suite aux attentats du 13 novembre 2015, la conférence a été annulée pour des raisons de sécurité.
La Poste émet également un timbre dont le 1er Jour est le 26 novembre.